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Une nouvelle conscience pour un monde en crise


Dans la réflexion sur notre monde en crise, Jeremy Rifkin a choisi un angle d’attaque original. Il ne s’appesantit pas sur «la dette entropique», c'est-à-dire tous les effets négatifs de la consommation énorme d’énergie dont nous avons besoin pour faire fonctionner notre civilisation (changement climatique, raréfaction des ressources...). Il se livre à une fascinante analyse de l’évolution de la conscience humaine et de la montée de l’empathie au cours de l’histoire de l’homme, en lien avec les moyens énergétiques dont il dispose : la conscience mythologique des premiers hommes dont les sources d’énergie étaient très limitées, la conscience théologique dans les grandes civilisations hydrauliques (sachant canaliser et répartir l’eau) antiques du Moyen Orient, d’Inde et de Chine, avec comme prolongement Rome et l’avènement du christianisme, la révolution industrielle douce de la fin du moyen âge ( énergie hydraulique et éolienne) qui conduit à une conscience humaine de plus en plus individuelle, et à la conscience rationnelle du siècle des Lumières ( «je pense donc je suis»), et le développement au cours du 20ème siècle d’une conscience empathique liée entre autres aux possibilités de communication offertes par les énergies fossiles qui ont conduit à la mondialisation.

Le problème, nous dit Jeremy Rifkin, c’est que «Nous avons beau évoluer rapidement en homo empathicus, l’ombre de notre dette entropique s’abat sur la paroi abrupte où nous grimpons, alors que nous parvenons tout près du sommet de la conscience universelle». Autrement dit, saurons-nous rentrer suffisamment vite dans un mode coopératif élargi et développer une empathie avec les autres hommes, mais aussi avec la nature, avant que les prélèvements que nous faisons sur les ressources ne deviennent «insupportables» et entrainent des bouleversements majeurs dont notre espèce serait la victime. Un livre passionnant qui nous fournit une nouvelle lecture de l’histoire sous l’angle de l’évolution de la conscience et des moyens énergétiques et quelques pistes pour le futur. Et dont on ressort convaincu que ce n’est pas dans l’individualisme, mais dans l’empathie et la conscience altruiste des autres que l’homme peut non seulement trouver un sens à sa vie, mais aussi espérer résoudre les graves crises en cours et à venir.

Vers une civilisation de l’empathie Jeremy Rifkin, Les liens qui libèrent, 2011

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