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ON NE SAUVERA PAS LE MONDE AVEC DES PAILLES EN BAMBOU


Anaelle Sorignet, Editions Deboeck supérieur, 2020

Anaelle Sorignet est coach, facilitatrice et autrice du blog « La révolution des tortues ». De sensibilité écolo, elle a beaucoup lu, beaucoup écrit dans son blog sur les astuces pour un mode de vie plus écologique. Et puis est arrivée la phase de doute. « Je ne supportais plus les décalages entre les projections quasi apocalyptiques des uns et les solutions gentillettes des autres ».

D’où cet ouvrage qui mêle développement personnel et écologie écrit pour celles et ceux « qui sont fatigués d’être écolos ….mais ne veulent pas renoncer à leurs convictions ni faire machine arrière » «  qui ne veulent pas choisir entre le bonheur et la construction d’un monde meilleur » .

D’abord en sortant du déni. Non, les choses ne changent pas du tout assez rapidement par rapport aux enjeux « l’écologie s’est dévoyée en se mariant avec la consommation, et le capitalisme a tellement colonisé les imaginaires que penser en dehors de celui-ci relève de l’exploit intellectuel ».
Ensuite, nous sommes victimes de biais qui nous maintiennent dans l’inaction : peur de l’inconnu, gratification immédiate et recherche du moindre effort, techno- solutionnisme et biais d’optimisme.

Enfin, il y a une culture de l’impuissance et de la déresponsabilisation qui s’est enracinée dans l’écologie. Et la fable du colibri y est pour beaucoup : l’auteur se livre à une critique forte de cette fable qui fait « l’apologie de l’inefficacité » et propose de passer de « faire sa part » à « avoir un impact ».
Ensuite renouer avec ses émotions et ses désirs. L’écologie est source d’émotions douloureuses : « les souffrances écologiques sont des émotions particulièrement difficiles à aborder en public, parce qu’elles se heurtent non pas à un, mais à deux tabous : celui de la
santé mentale et celui d’une possible fin du monde (en tout cas de notre monde) ».

Anaële Sorignet nous invite donc à aiguiser notre agilité émotionnelle pour ne plus vivre dans la peur. Il faut pour cela développer son endurance émotionnelle, « la faculté à se laisser traverser et vivre pleinement ses ressentis, sans craindre pour son intégrité physique et mentale ».

« Peu importe ce que l’avenir nous réserve, nous y serons mieux préparés en apprenant à savourer tous les bonheurs que l’existence nous offre, plutôt qu’en les gâchant par peur qu’ils se terminent ».

Et c’est cette posture qui évacue la peur, le déni et la culpabilité qui nous permet de sortir de l’impuissance et de retrouver un vrai moteur d’action. Il ne faut pas confondre « finitudes des ressources et finitude des possibles ».

« Si nous voulons que nos actions aient un impact, si nous voulons vraiment créer un monde différent, il est urgent de renouer avec nos désirs ». Il faut donc réveiller le volcan de nos aspirations ce qui conduit tout naturellement à simplifier sa vie : « Un des effets les plus directs et les plus immédiats de suivre ses désirs, c’est de reléguer la consommation en arrière-plan ».

Un ouvrage très plaisant et rapide à lire, complété par de multiples témoignages et enrichi de nombreuses illustrations. A mettre entre les mains de tous ceux que le doute éco anxieux envahit et qui ont « besoin d’un nouveau souffle pour renouer avec le plaisir et l’envie d’agir ».

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