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Ne plus se mentir
Petit exercice de lucidité par temps d’effondrement écologique Jean Marc Gancille, Editions Rue de l’Echiquier, 2019


En démissionnant de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot a manifesté son désaccord avec une politique de « petits pas qui vont dans le bon sens ».

Dans cet essai percutant, Jean-Marc Gancille nous invite à aller plus loin dans notre mode d’agir écologique en adoptant un militantisme radical. Selon lui, les idées qui permettent d’espérer une transition « en douceur » – l’idéal du consomm’acteur, citoyen éclairé, l’alternative de la croissance verte, la transition énergétique - sont des leurres qui nous font perdre un temps précieux et dépenser de l’énergie en vain. Il nous faut plutôt « déconstruire la mystification », car « les lois de la physique, de la biochimie et de la thermodynamique, etc.. opposent une réalité implacable au récit économique dominant ».

Il faut « ne pas se mentir » face à l’étendue des ravages du « fondamentalisme marchand ». « Le niveau de confort que nous partageons actuellement dans les pays riches se paie au prix du saccage des ressources naturelles, de pollutions multiples et d'un pillage écologique planétaire »

Aujourd'hui, le recours à des dirigeants politiques, est improductif «  en appeler aux politiques, c’est croire au Père Noel » et le militantisme écologique mainstream  a perdu sa composante conflictuelle et idéologique «  les plaidoyers ont perdu leur charge subversive pour des messages souvent lénifiants à haute dose de bonne conscience ».

Pour Jean-Marc Gancille ,  il faut des réponses radicales «  l’intensité de notre défense de la vie » doit être égale à « la férocité de l’assaut qui lui est portée.

« Alors, il serait encore temps ? Pour inverser la tendance, sûrement pas. Pour nous adapter à un environnement radicalement perturbé, éventuellement. »

Pour cela, il nous faut nous alléger (un mode de vie plus sobre), nous affranchir ( du système politique et économique actuel ), nous radicaliser ( dans une « guerre civique » ), nous relier ( pour créer des organisations plus résilientes), nous bio centrer ( reconnaitre notre participation à la nature) et nous aimer , car «  choisir le plaisir de l’action collective contre la résignation et la morosité est un puissant antidote à la haine ».

Un livre qui résonne comme un « coup de gueule » pour nous rappeler que « nous allons avoir besoin de courage, pas d’espoir » pour faire face au « crash test planétaire » qui s’annonce.

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