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LES APPRENTIS SORCIERS DE L'AZOTE


La face cachée des engrais chimiques
Claude Aubert, Éditions Terre Vivante, 2021

On connaît les méfaits des pesticides sur la santé et l’environnement. On connait beaucoup
moins ceux des engrais azotés. Claude Aubert, ingénieur agronome, pionnier de l’agriculture
biologique et cofondateur des éditions Terre Vivante, a écrit un petit livre bien documenté
et richement illustré pour nous faire découvrir la face cachée des engrais chimiques.
Au début du XXe siècle, des chimistes ont voulu faire mieux que la nature en combinant, par
un procédé industriel, l'azote de l'air et l'hydrogène du gaz naturel pour synthétiser de
l'ammoniac, père de tous les engrais azotés.
Certes il a pu être observé des effets spectaculaires sur les rendements agricoles. Le
problème est que ces engrais azotés sont aujourd’hui utilisés de manière excessive. Sur les
130 millions de tonnes produites chaque année, seule la moitié est absorbée par les plantes,
en raison de la propension des agriculteurs à prendre « une marge de sécurité, en apportant
un peu plus d’azote que les besoins réels de la culture ».
Et cet azote non utilisé par la plante a des effets délétères sur l’environnement et la santé :
- Émissions d’ammoniac dans l’air, qui lorsqu’il est combiné à d’autres polluants
génère des particules fines. Lors des pics de pollution, l’agriculture et l’élevage
pourraient « être à l’origine de plus de 50 % des particules les plus fines (et les plus
dangereuses), les PM2,5 ».
- Excès de nitrates dans les eaux qui provoque eutrophisation, algues vertes, et peut
contribuer à rendre l’eau non potable.
- Émissions de protoxyde d’azote (N2O), aussi appelé gaz hilarant. Un gaz à effet de
serre 265 fois plus puissant que le gaz carbonique.
L’auteur détaille les solutions permettant de limiter les effets nocifs des excès de l’azote. On
peut les résumer ainsi :
- Privilégier une agriculture biologique qui interdit l’usage des engrais azotés.
- Diminuer sa consommation de viande, ce qui permettrait de réduire l’élevage
intensif, de diminuer les cultures dédiées à la production d’alimentation animale, et
d’avoir moins de fumier, riche en azote à épandre.
Claude Aubert conclut son ouvrage par un plaidoyer pour un changement radical de modèle
agricole. « La révolution à venir…met en question l’industrialisation et la mondialisation de
l’agriculture et de l’alimentation …elle remet les agriculteurs au centre de la société ».

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