E-BiblioBiblio APESA

ÉOLIENNES - La face noire de la transition énergétique


Éoliennes, la face noire de la transition énergétique
Fabien Bouglé, Editions du Rocher, 2019

Le titre annonce la couleur : ce livre est un pamphlet contre la « dictature verte » qui promeut les éoliennes comme « le porte-étendard de la transition écologique.
Dans un souci de crédibilité scientifique, l’auteur met beaucoup de références pour appuyer sa démonstration. Malheureusement, l’auteur n’a pas de compétences scientifiques - c’est un juriste qui travaille dans le domaine culturel - et il suffit de connaitre un peu le domaine pour se rendre compte des erreurs. Dès le premier chapitre qui traite entre autres des enjeux environnementaux des métaux, qui est une de mes spécialités, j’ai ainsi pu me rendre compte que l’auteur n’hésitait pas à mélanger les problématiques (terres rares, tantale.) s’intéressant essentiellement à l’aspect sensationnel du sujet. Sur le thème de la raréfaction des métaux et de ses enjeux géopolitiques, il vaut beaucoup mieux lire le livre « Quel futur pour les Métaux, Philippe Bihouix, Benoit de Guillebon, 2010 », ou le livre de Guillaume Pitron « la guerre des métaux rares, 2018 ».
Tout au long du livre, on ressent très fortement ce décalage entre une démarche prétendument scientifique et un texte qui contient de très grosses approximations, voire des erreurs scientifiques, qui n’utilise que les faits qui arrangent sa démonstration et qui, de temps en temps, lance des insinuations qu’il ne démontre pas, en particulier dans le chapitre « lobbyistes, ONG, politiciens : des liaisons dangereuses », insinuations qui se rapprochent des thèses complotistes.

Alors que retenir de cet ouvrage sur le fond ?
Il met bien en évidence les limites techniques de l’éolien, déjà bien connues : 
- l’utilisation de beaucoup de matériaux dont certains sont tout à fait recyclables (les métaux) et d’autres plus difficilement moins (les composites).
- l’intermittence de l’énergie éolienne qui oblige à la combiner avec d’autres sources d’énergie pour avoir un approvisionnement régulier
Il décrit des risques liés aux éoliennes (destruction d’oiseaux, infrasons) sur lesquels, n’étant pas un spécialiste et n’ayant pas pris le temps de faire une analyse sérieuse, je ne me prononcerai pas. Mais au vu de la faible qualité scientifique du livre, je pense qu’il dramatise trop le sujet.
Il fait une charge contre le capitalisme et le comportement prédateur de certaines entreprises qui bénéficient de subventions, avantages fiscaux… «un racket à l’échelle planétaire ». Ce comportement n’est pas spécifique au secteur de l’éolien. On peut penser au secteur de l’eau, dans lequel les grandes entreprises ont été prises « la main dans le sac » et le secteur des médicaments, ou les entreprises pharmaceutiques sont régulièrement condamnées à des milliards de dollars de pénalités par les Etats.
Il note même qu’après s’être intéressé au business juteux des déchets, la Cosa Nostra s’intéresse au business des énergies renouvelables.
Il constate la défaillance manifeste du processus d’enquête publique et globalement de concertation avec les populations, qui là aussi n’est pas du tout spécifique à l’éolien. Il souligne aussi une « corruption » à l’échelle locale qui voit des élus condamnés pour prise illégale d’intérêt quand les éoliennes sont installées sur leurs terrains personnels. On retrouve en filigrane le sujet du « divorce » croissant entre les élus et la population. À noter que l’auteur est aussi élu et qu’il se présente cette année comme tête de liste pour les élections municipales de Versailles.


En conclusion, je dirais que le principal intérêt du travail de l’auteur, c’est d’avoir beaucoup documenté le sujet (beaucoup de références). Mais le livre manque cruellement d’approche scientifique ce qui le rend peu crédible sur de nombreux points qu’il faudrait analyser de manière beaucoup plus rigoureuse.

Centre technologique des transitions

TOP