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EN FINIR AVEC LE CAPITALOVIRUS


Jean Marie Harribey, Editions DUNOD, 2021

 

Président du comité scientifique d’ATTAC, Jean Marie Harribey profite des bouleversements économiques qu’a entrainé le COVID pour enrichir une réflexion sur l’économie capitaliste déjà développée dans d’autres ouvrages : «   le confinement que nous avons vécu pendant plusieurs semaines …a fait apparaître, bien au-delà des porteurs de critiques habituels, que l’économie capitaliste n’avait aucun sens » 

Dans un premier chapitre, il analyse la crise du COVID non comme une crise conjoncturelle, mais comme une crise structurelle avec « la pandémie qui a mis le feu aux poudres ».

Son second chapitre est consacré au travail  «  depuis près d’un demi-siècle, le travail est  la variable d’ajustement d’un capitalisme de plus en plus financiarisé  et depuis plus d’une année d’un capitalisme coronavirisé ». Après avoir décrit la situation actuelle du travail, l’auteur propose des pistes pour réhabiliter le travail  ce qui suppose de « rompre progressivement son lien de subordination au capital ».

Le fruit du travail exprimé monétairement ce sont les revenus, objet du chapitre 3. «  La crise sanitaire a montré que les travaux les plus essentiels étaient souvent les plus mal rémunérés ». Après avoir analysé la différence entre la production de valeur d’usage et production de valeur d’échange «  une heure de travail qualifié produit davantage de richesse qu’une heure de travail non qualifié , mais pas davantage de valeur » , il analyse la piste du revenu universel d’existence universel, qui selon l’auteur « ne peut réduire la pauvreté et encore moins la dépendance ».

Le chapitre 4 se penche sur « les biens communs », dont entre autres, la santé - un sujet particulièrement d’actualité ces dernier temps. On voit ainsi se dessiner « une conception où la propriété de la Terre ne serait pas un droit absolu sur elle, mais une manière de l’habiter ». 

« Parmi tous les faits sociaux que la crise du coronavirus nous a aidé à redécouvrir, il y a la monnaie », objet du chapitre 5. Un chapitre assez technique mais qui nous fait bien percevoir la nécessité de « faire de la monnaie un bien commun en retrouvant la maîtrise du crédit et donc de la création de monnaie ».

« Les orientations économiques, sociales et écologiques étudiées dans les chapitres précédents doivent être intégrés dans une conception plus large de la société » . Le chapitre 6 commence par une réflexion sur les finalités du travail en fonction des besoins à satisfaire « Pendant la pandémie du coronavirus, l’idée qu’il faut travailler pour satisfaire les besoins essentiels s’est imposé comme une évidence, ce qui signifiait qu’il fallait, le temps de la pandémie, abandonner les besoins non essentiels » . L’auteur poursuit par des éléments de réponse à la question «  faut-il choisir entre le travail, le revenu et la vie ? », une réflexion sur la distanciation imposée par la pandémie et une réflexion sur l’expertise «  les principaux sujets dont devrait se saisir la démocratie sont abandonnés à de prétendus experts qui ne peuvent pas penser la complexité du monde ».

Le message de l’auteur est bien résumé par cette conclusion : « Le moment est sans doute venu de bâtir une stratégie de transformation sociale et écologique cohérente, fondée sur la réhabilitation du travail, sur une juste répartition des revenus issus de ce travail, sur l’institution de biens et services essentiels en biens communs, et sur la maîtrise collective de la monnaie » 

Un livre riche qui ouvre beaucoup de pistes et dans lequel on sent le souci du scientifique et de l’enseignant à explorer les différentes facettes d’une question, au risque de quelquefois un peu perdre le lecteur non averti.

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