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STEAK BARBARE - Hold-up vegan sur l’assiette


Le 5 aout 2013 était présenté par un biologiste néerlandais le premier steak in vitro. Il s’agissait d’une culture en laboratoire de cellules à partir de quelques cellules prélevées sur un organisme vivant. « Six ans plus tard, plusieurs dizaines de laboratoires et de start-up produisent expérimentalement de la viande de culture que certains nomment aussi viande propre ».

Grand reporter d’investigation, Gille Luneau nous raconte son enquête de terrain réalisée aux Etats-Unis et en Europe auprès de tous ces acteurs de la viande de synthèse. On y découvre un large réseau où se côtoient milliardaires du numérique, fonds  d’investissements, fondations, clubs de réflexion, géants industriels de la viande, fondations altruistes, transhumanistes, universitaires, laboratoires de recherche, incubateurs, start-upers et …  militants végans.

Car il ne s’agit pas seulement de prouesses scientifiques et technologiques, il s’agit d’une « une véritable offensive économique et idéologique », portant une nouvelle vision du monde « Plus d’animaux domestiques ! Juste des brasseries où nous cultiverons des lots de nourriture ».

Et l’on découvre une connexion forte entre les financeurs des substituts industriels à la viande créés en laboratoire et les activistes vegans (A noter que de nombreux acteurs de ce nouveau business sont eux-mêmes vegan). Les activistes vegan sont soutenus financièrement par l’écosystème de la viande de synthèse pour préparer le terrain en dégoûtant les consommateurs de manger de la viande et autres produits d’origine animale afin de créer un nouveau marché très lucratif. « Peur, dégoût, culpabilisation et solution unique, ce sont les règles classiques de la terreur idéologique ».

Et ce sont les milliardaires du numérique de la Silicon Valley qui investissent dans cette nouvelle activité. Enfermés dans un monde purement technologique et l’économie qui en découle, habitués à la fast food, ignorant tout de l’agriculture raisonnée et de l’élevage extensif, ils sont convaincus que « Seule la science peut nous sauver des impacts négatifs du monde moderne que nous avons créés ».

Une vision du monde complétement «  hors sol »  et qui rejoint la vision transhumaniste. Mais aussi une vision très «  business » : « Tout ce beau monde, bourré d’énergie, est convaincu d’avoir l’idée géniale qui lui apportera la part la plus grosse possible du marché alimentaire mondial ».

Les grandes multinationales de la viande ont bien identifié ces nouvelles opportunités et ont commencé elles aussi d’aller sur le terrain du post-animal pour ne pas passer à côté d’un marché de masse. Elles commencent à mettre sur le marché alimentaire « un produit industriel à la place de celui qui devient obsolète » et minimiser ainsi leurs risques économiques.

A travers cet ouvrage, c’est une réflexion citoyenne que nous propose Gilles Luneau . Certes l’élevage industriel n’est plus acceptable en l’état. Il faut sortir de la barbarie « de la souffrance animale et de celles des hommes et des femmes condamnés à l’exercer ».

Mais faut-il pour cela rentrer dans une autre barbarie celle du « politiquement correct, du contrôle généralisé du mode de vie, de l’homme en kit, de la négation des désirs, de la réduction de plaisir à une dose précise de nutriments…» ?

Et plutôt que de se « laisser imposer mondialement une telle rupture de civilisation par un cartel de multinationales et une poignée de sectaires instrumentalisant une partie de la jeunesse », ne faudrait-il pas faire l’effort d’une rupture avec les modèles agricoles et les modes d’alimentation « où le paysan retrouverait la dignité de son rôle social et partagerait avec les citoyens son expertise en nourriture de qualité et en biodiversité » ?

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