Le futur est déjà là


« Ce n’est pas un ouvrage qui vise à creuser les excès de notre monde qui se délite et régresse ; il se veut résolument constructif et se concentre sur les systèmes de valeurs et de leadership qui sont en train de faire évoluer de manière profonde notre société ». Dès le prologue, l'auteur, Carine Dartiguepeyrou, annonce la couleur : en spécialiste de la prospective, elle veut « creuser profond »  pour comprendre et nous aider à comprendre le futur qui est en train de se dessiner sous nos yeux.

Et , de fait, en moins de 200 pages, elle fait une synthèse à la fois richement documentée et exprimée en termes simples et clairs de tous  les travaux et ouvrages auxquels elle a participé et de la pensée de tous  les intellectuels qu’elle a pu rencontrer tout au long de son parcours déjà long en France comme à l’étranger.

La première partie de l’ouvrage se concentre sur la prospective planétaire « Ou va le monde ? » , Elle nous parle de grandes ruptures, la rupture technologique et la rupture écologique, des enjeux de la poussée démographique de la montée des nouvelles inégalités et nous propose une réflexion sur ce qui fait la richesse

« Derrière chaque grand d’évolutions, qu’elle soit technologique, écologique, économique et sociale, se cache une évolution culturelle, quelque chose de plus profond qui a un rapport avec nos systèmes de valeurs et nos comportements ». La deuxième partie ( Lorsque les signaux faibles deviennent forts)  analyse ainsi les évolutions socioculturelles, le changement de paradigme culturel et  les systèmes de représentation et de valeurs. Elle nous rappelle au passage   les quatre représentations du monde établies par Brian Hall à la suite de Maslow ,

• La survie ( « le monde est un mystère sur lequel je n’ai aucun contrôle »)
• L’appartenance ( « le monde est un problème auquel je dois faire face »)
• L’émancipation ( « le monde est un projet auquel je dois participer »)
• L’interdépendance (« le monde est un mystère dont nous prenons soin à l’échelle planétaire »)

Enfin, elle se penche sur le cas particulier français ( le syndrome français) et nous invite à regarder la nouvelle forme de pouvoir que représente le  pouvoir d’influence.

Elle-même animée par une ardente détermination à agir pour changer, Carine Dartiguepeyrou nous propose dans la dernière partie une écologie de l’action, pour dépasser ses peurs et libérer de l’énergie positive.

Tout d’abord, il faut se dégager de nos préjugés et ouvrir notre représentation à ce qui est moins familier pour nous : promouvoir l’empathie ou le bio mimétisme, passer de la notion de croissance un notion de création de richesse – pas uniquement financière- , travailler à transversalité pour être plus efficace, sortir du « big is better » et développer une solidarité avec le vivant . Il nous faut aussi changer notre rapport avec le temps.

Elle nous décrit ensuite les principes de l’écologie de l’action : trouver sa singularité, se réinventer en permanence, intégrer la diversité, gouverner par l’harmonie, regarder à plus long terme.

Et elle nous fait des propositions pour changer d’échelle, à commencer par changer de représentation du monde - passer du mode « survie » , à  un mode « émancipation » ou mieux «  interdépendance » - , se transformer individuellement et collectivement, faire dialoguer différents paradigmes, relier les initiatives locales et les politiques  globales  et surtout agir, expérimenter, itérer.

En conclusion elle nous propose la pensée d’Amin Maalouf  qui résume bien sa pensée «  L’avenir n’est pas écrit d’avance, c’est à nous de l’écrire, à nous de le concevoir, à nous de le bâtir ; avec audace, parce qu’il faut oser rompre avec des habitudes séculaires ; avec générosité, parce qu’il faut rassembler, rassurer, écouter, inclure, partager ; et avant tout avec sagesse »

Carine Dartiguepeyrou, Le Bord de l'Eau 2017

Centre technologique des transitions

TOP