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ŒUVRES COMPLETES D’ALBERT LONDRES


Avant d’ouvrir cet ouvrage, pour moi Albert Londres, c’était simplement le nom d’un prix journalistique. Et puis je me suis plongé dans « Le juif errant est arrivé », dans « La Chine en folie », dans « Terre d’Ebène »  …. Et j’ai découvert un journaliste « de terrain » qui a su rendre compte de son temps sans concession, mais aussi dans un style très direct empreint d’ironie qui fait mouche. Comme le dit Jean Claude Guillebaud dans l’introduction des œuvres complètes : «  On dirait que , lui – Albert Londres- respire à plein poumons une innocence d’écriture que nous avons perdue ».

Albert Londres est clairement celui qui a ouvert la voie du journalisme d’investigation d’aujourd’hui.« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »  écrivait-il en 1927  ( Terre d’Ebène)  .

Je vous laisse découvrir l’ensemble des sujets traités (sujets internationaux, mais aussi sujets de société), mais pour illustrer le style, je vous partage un tout petit extrait de «Chez les fous ».

Je ne suis pas fou, du moins visiblement, mais j’ai désiré voir la vie des fous. Et l’administration française ne fut pas contente. Elle me dit : « Loi de 38, secret professionnel, vous ne verrez pas la vie des fous. » Je suis allé trouver des ministres, les ministres n’ont pas voulu m’aider. Cependant, l’un d’eux eut une idée : « Je ferai quelque chose pour vous, si vous faites quelque chose pour moi : soumettez vos articles à la censure. » Je cours encore.
J’allais voir le préfet de la Seine. C’est un homme fort courtois : « Grâce à moi, me dit-il, vous visiterez les cuisines et le garde-manger. »J’eus peur qu’il me montrât aussi les tuiles du toit, alors je suis parti.
Je me tournais vers les médecins d’asiles. Ils me foudroyèrent :
– Croyez-vous, me dit l’un d’eux, que nos malades sont des bêtes curieuses ?
Il m’avait pris pour un dompteur. Il suffisait, lui.
Alors, j’ai cru qu’il serait plus commode d’être fou que journaliste
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