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Notre bonne fortune


Éloi Laurent commence son ouvrage par le constat, maintenant largement partagé, d’une grande désynchronisation : L’accroissement du développement humain de la deuxième moitié du XXe siècle s’est fait au prix d’une dégradation environnementale quatre fois supérieure à celle de la première moitié du siècle, et ce, alors même que la population ne s’est accrue que d’un facteur légèrement supérieur.

Dans ce contexte, il prône l’abandon de la croissance économique comme projet social, et nous propose trois nouveaux horizons communs : le bien être, la résilience et la soutenabilité

Pour justifier l’abandon de la croissance économique comme projet social, il commence par déconstruire les bénéfices supposés des cinq stratégies les plus courantes de retour à la croissance :

  • la croissance keynésienne par la relance de la demande

  • la  croissance mécanique par la révolution technologique

  • la croissance par les inégalités prônées par le libéralisme

  • la croissance cannibale , ou croissance du  passager clandestin (uberisation)

  • et la croissance verte qui instrumentalise les éco systèmes

Ces politiques de croissances sont en réalité de la croissance « zombie » car leur bilan en termes de bien-être, de résilience et de soutenabilité est tout simplement calamiteux, y compris en termes d’emploi.

Les penseurs économiques des siècles précédents s’étaient déjà penchés sur la problématique des inégalités : aujourd’hui, le constat est partagé par beaucoup, y compris les hommes politiques, que les inégalités croissantes que l’on observe sont très couteuses socialement. Il faut donc arrêter de se préoccuper de la bonne santé des banques et des marchés financiers, pour s’occuper sérieusement de la bonne santé des humains ( on constate en effet  que , dans un pays riche comme les États-Unis , la santé d’une partie de la population se dégrade très fortement)

Dans la deuxième partie de l’ouvrage  , il donne des pistes pour une transition sociale écologique  , qui croiserait les enjeux de soutenabilité écologique et de justice sociale , et qui s’appuierait sur trois piliers :

  • lutter contre les inégalités, anciennes et nouvelles . Pour illustrer ce pilier , il s’appuie sur les exemples de l’accès à une alimentation de qualité en France et de la justice climatique au plan mondial.

  • favoriser l’emploi et la santé, en développant une économie bas carbone et ainsi profiter  du « double  dividende » économique et environnemental

  • calibrer notre action sociale  pour le XXIe siècle en reconnaissant que le bien-être d’un individu est en partie déterminé par les conditions environnementales

Pour ancrer cette transition, il faut aussi repenser les missions de l’État et des territoires : développer des instruments de la comptabilité, du risque et de l’assurance sociale écologique pour permettre les bonnes décisions publiques.

En conclusion, il reprend les deux idées fortes développées  tout au long de l’ouvrage :

  • La fuite en avant vers la croissance est mortifère

  • Il faut construire et partager un grand récit positif de la transition vers le bien-être, la résilience et la soutenabilité, vers «  notre bonne fortune »

Un petit livre très facile à lire…et qui donne envie d’aller plus loin.

Eloi Laurent, PUF mars 2017

Centre technologique des transitions

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