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La richesse des pauvres


La Fondation Gawad Kalinga est une ONG avec une approche holistique de la lutte contre la pauvreté, créée en 2003  et basée aux Philippines. Gawad Kalinga signifie « prendre soin » en tagalog. Son objectif affiché est ambitieux : éradiquer la pauvreté pour 5 millions de familles aux Philippines d'ici à 2024, notamment à travers la construction de communautés villageoises solidaires, autonomes et durables.  Sa stratégie est très concrète : construire des logements, allouer des terres cultivables aux plus démunis, donner à manger à ceux qui ont faim. Nulle question de charité :  l’enjeu est de bâtir sur le long terme une relation partenariale avec chaque personne, qui retrouve ainsi dignité et estime de soi. Le leitmotiv de Gawad Kalinga est « walang iwanan » : n'abandonner personne.

Dans «La richesse des pauvres», le journaliste britannique Thomas Graham nous raconte les rencontres qu’il a faites en sillonnant les Philippines au contact des équipes de Gawad Kalinga et de leurs réalisations : jardins communautaires, coopératives de production, supérettes et ateliers de réparation dont les bénéfices sont répartis entre les habitants ainsi que des prisons qui respectent la dignité des personnes.

Il nous fait rencontrer Tony Meloto, le fondateur de Gawad Kalinga qui pilote depuis 2003 ce qui est devenu un véritable mouvement national a-politique et a-religieux  et dont les résultats sont impressionnants : 2 400 villages autosuffisants ont été créés où vivent près d'un million de personnes.

A travers toutes ses anecdotes, il illustre le rôle de la fondation GK qui est de s’assurer que toutes les bonnes volontés (politiques, entreprises, bénévoles….) cohabitent harmonieusement sur les projets.

Tony Meloto a créé en 2010 la première plateforme d’incubation d’entreprises sociales d’Asie du Sud-Est et un écosystème original constitué d’une ferme, d’une communauté villageoise et d’une université expérimentale, SEED Philippines, formant à l’entrepreneuriat social. Il veut maintenant aller vers une Silicon Valley de l’entrepreneuriat social fondée sur les principes d’autonomie des communautés et de responsabilisation des individus ainsi que sur le souci de ne laisser personne sur le bord du chemin. « Les pauvres ont besoin de justice, pas d’aumône », affirme-t-il, convaincu qu’ils doivent trouver le remède à leur misère dans la richesse qu’ils ont en eux.

Un petit regret en refermant l’ouvrage : si la galerie de portraits faite par Thomas Graham est très convaincante et que l’on comprend bien la philosophie qui sous-tend l’action de Tony Meloto, l’ouvrage manque un peu de mise en perspective qui permette de faire le lien entre les différentes histoires qu’il nous propose.

Thomas Graham, Editions Rue de l’échiquier, 2015

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