La révolte des premiers de la classe
Métiers à la con, quête de sens et reconversions urbaines
L’anthropologue David Graeber (voir la chronique de son ouvrage Bureaucratie) a popularisé le terme « métiers à la con ( bullshit jobs) » pour désigner ces métiers de « manipulation de symboles », dans le conseil, la finance ….dans lesquels les jeunes ont de plus en plus de mal à trouver un sens.
Et Matthew Crawford , dans son Eloge du Carburateur ( voir la chronique de son ouvrage) , avait remarquablement analysé la stimulation intellectuelle que peut représenter un travail manuel.
Dans la lignée de ces deux ouvrages, Jean Laurent Cassely nous livre une analyse de ce phénomène émergeant qu’est l’abandon par de nombreux diplômés de jobs bien payés pour se lancer dans des métiers manuels, moins bien payés mais porteur de sens pour eux : restaurateur, fromager, boucher, réparateur de motos, fleuristes ….
Et les quelques exemples emblématiques que l’on trouve dans les journaux correspondent à un vrai phénomène statistique : parmi les nouveaux entrepreneurs de l’artisanat, un sur quatre est diplômé de l’enseignement supérieur.
« Ce n’est pas un fétichisme des métiers manuels, mais plutôt un besoin de disposer d’une image mentale claire de sa contribution à la chaîne de valeur, diraient les économistes, à la société, pourrait-on dire plus simplement »
Ce qui contribue à ce mouvement, c’est le fait du « déclassement social » des jeunes diplômés : avec le chômage massif des jeunes, le « dilemme que devaient résoudre les générations précédentes : choisir entre un boulot « à la con », mais bien rémunéré ou la voie risquée du travail passion » ne se pose plus de la même manière.
Et ce n’est pas parce qu’ils font des métiers manuels, que ces jeunes n’utilisent pas leurs acquis, en particulier la communication sur les réseaux numériques dont ils font un usage massif.
Alors faut-il passer un CAP cuisine après Sciences Po ou HEC ?