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IRRESPIRABLE - Le scandale de la qualité de l’air en France


Le livre de Jean Christophe Brisard est beaucoup plus modéré que peut le laisser croire/penser le titre du livre. Accompagné par maitre Antoine Beguin, un avocat spécialisé dans le droit des victimes, l’auteur s’est lancé dans une enquête de deux ans sur le sujet de la qualité de l’air.

« Cette enquête n’a pas pour objectif de vous prouver que respirer tue. Respirer ne tue pas. Pas de manière foudroyante, en quelques instants. Sortons de cette vision inutilement anxiogène.Pour autant, nous ne soyons pas naïfs, respirer peut déclencher des maladies qui sont, à terme, mortelles ».

En effet « La dégradation de la qualité de notre air ne fait plus réellement débat. Elle est un fait avéré, presque une fatalité inhérente à notre société ultra libérale ».  Les données de l’OMS , de l’Agence Européenne de l’Environnement  ( 520 000 décès prématurés en Europe liés à la pollution de l’air) ou de Santé Publique France ( 48 000 décès prématurés en France) sont là pour le prouver.

Pendant près de deux ans d'enquête, dans toute la France et à Bruxelles, l'auteur a donné la parole aux experts, aux politiques, et aux victimes pour répondre aux questions « comment en sommes-nous arrivés là ? »  et «  pourquoi rien ne change ? »

On découvre ainsi, que malgré le discours politique qui veut voir une amélioration de cette qualité de l’air, pour les experts, la pollution atmosphérique ne diminue pas mais elle se transforme... pour être encore potentiellement plus nuisible.

L’ouvrage est structuré autour de 4 grandes parties :

  • La première traite de la pollution 2.0,celle générée par les particules de plus en plus fines « La pollution est toujours là. Elle a changé de nature. Nous sommes passés des particules grossières, les PM10 ,  à des particules de plus en plus fines . Plus complexes, plus dangereuses.
  • Dans la deuxième, l’auteur évalue les failles de notre système de surveillance de la qualité de l’air : manque de moyens des agences de la surveillance de l’air ( AASQA), choix de polluants mesurés et de seuils différents de ceux préconisés par l’OMS , conflits d’intérêt dans certains organismes (CITEPA, UTAC-CERAM), limites de l’auto-surveillance …
  • La troisième décrit le travail de « semeur de doutes » que mènent un certain nombre de lobbies, à travers les conflit d’intérêt dans certains organismes (CITEPA, UTAC-CERAM),l’affaire du Dieselgate, et le sujet des pesticides dans l’air.
  • La dernière partie décrit l’ensemble des actions citoyennes et des recours en justice qui sont en train de faire bouger les lignes.

Au fil de ce livre qui se lit comme un thriller, on découvre que nos dirigeants, au niveau national comme européen, sont très conscients des enjeux mais « qu’ils brillent pourtant par leur inefficacité ». En effet la problématique de l’air est un sujet très sensible : « les enjeux politiques et économiques y atteignent des ampleurs que je n’avais pas mesurées ». Reste à espérer dans l’action des citoyens, bien informés par des travaux sérieux menés notamment par des journalistes d’investigation comme Jean-Christophe Brisard.

 

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