Et si les salariés se révoltaient ?


Patrick Artus, Marie Paule Virard, Fayard, 2018

Écrit par un économiste et une journaliste économique, cet ouvrage propose une analyse en sept chapitres des mutations profondes qui sont à l’œuvre dans l’économie mondiale et fondent aujourd’hui la colère des classes moyennes et populaires :

Le premier chapitre « Quand les salariés partagent des risques, pas les profits » décrit un capitalisme qui évolue vers un modèle où les actionnaires s’efforcent de préserver dividende et rendement du capital, quitte à demander aux salariés de porter sur leurs épaules une part croissante des risques économiques.

Le chapitre 2 « Et si Schumpeter avait pris un coup de vieux ? »  décrit une bipolarisation des emplois avec d’un côté des créations d’emplois hyper qualifiés, mais peu nombreux, dans les nouvelles technologies ou la finance, et de l’autre des emplois peu qualifiés dans la distribution, l’hôtellerie ou les services à la personne.

Le chapitre 3 « Quand les humains ont peur d’être débranchés par les machines » analyse les risques liés à la robotisation, et montre que les bénéfices de la robotisation profitent clairement plus aux détenteurs de capital qu’à l’amélioration de la condition des salariés.

Le chapitre 4 « Bientôt tous japonais », s’inscrit en faux sur la théorie du ruissellement, qui suppose que l’argent des riches se propage dans l’économie. Le cas du Japon montre les effets délétères d’un partage des revenus trop déséquilibrés et une flexibilité excessive du marché du travail. Comme dit Christine Lagarde, citée par les auteurs «  Réduire les inégalités excessives (…) n’est pas simplement un impératif moral et politique, c’est aussi une question de bon sens économique (…) car ces  politiques qui rehausseront les revenus des pauvres et des classes moyennes sont indispensables pour rendre possible une croissance économique plus vigoureuse, plus solidaire et plus soutenable ».

Le chapitre 5 «  Et si les salariés se révoltaient » , décrit une situation où pour les classes moyennes et populaires occidentales la vie devient de plus en plus difficile, et qu’il n’y a aucune perspective d’un avenir radieux. Il semblerait qu’aujourd’hui une majorité d’individus ait le sentiment de survivre dans notre monde moderne.

Le chapitre 6 « Pédale camarade, le vieux monde est derrière toi ! » , décrit ces auto-entrepreneurs précarisés qui représentent un des symboles de nos modes de consommation actuels qui ubérisent les prestataires de services.

Le chapitre 7 «  Plaidoyer pour un capitalisme européen » , trace les pistes d’un modèle européen  du capitalisme qui se soucie davantage des intérêts de l’ensemble des parties prenantes des entreprises et pas seulement de leurs actionnaires comme c’est le cas du  capitalisme actionnariat anglo-saxon. On retrouve l’idée de l’intérêt social de l’entreprise   inscrite dans la loi PACTE qui vient d’être promulguée. 

« Dans cet ouvrage, nous avons voulu essayer de comprendre les fondements économiques et sociaux de cette colère qui mijote à feu doux », nous disent les auteurs. Depuis la publication début 2018, la colère a arrêté de mijoter à feu doux, pour s’extérioriser dans la rue et sur les ronds-points à travers le mouvement des gilets jaunes. 

La lecture de cet ouvrage est donc un éclairage très intéressant pour comprendre la crise actuelle et ce qui s’exprime à travers les divers mouvements sociaux dans le monde.

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